Il y a quelques mois, j’ai entamé des recherches sur l’origine du nom donné par Lovecraft à son village fictif dans la terrible nouvelle L’Abomination de Dunwich. Mon exploration livresque s’orientait sur l’hypothèse la plus évidente, celle où Lovecraft utilisait le nom d’un village rural du même nom niché sur la côte du Suffolk en Angleterre. Mon objectif était de trouver un ancien livre sur Dunwich ayant les ingrédients requis pour marquer notablement l’imaginaire de Lovecraft et ainsi influencer sa décision dans le choix définitif de ce nom.

Ce que je cherchais depuis plusieurs semaines se trouvait dans une librairie en Nouvelle-Angleterre, dans l’État du New Hampshire plus précisément ! Un petit guide datant de 1925 relatant l’histoire du village de Dunwich. A la lecture du texte, il me semblait lire les première lignes d’un récit de Lovecraft avec la description du paysage environnant et le déclin d’une zone rurale. Il y a également l’autre nom donné à ce petit village, la « Cité en ruine« , mais aussi « le grand ennemi » qui a provoqué sa destruction !

Lovecraft avait peut-être découvert ce volume dans une publication antérieure plus imposante (70 pages) intitulée Olde Dunwich: The Ancient Capital of East Anglia, publiée en 1922 et comprenant 19 illustrations.

Comment ne pas penser à L’Abomination de Dunwich dont voici un extrait (Traduction de David Camus) :

«…il n’y avait plus de maison. Elle avait été écrasée comme une coquille d’œuf, et l’on ne retrouva rien de vivant ni de mort au milieu des ruines. Rien qu’une abominable puanteur et l’étrange substance gluante goudronneuse. Toute la famille d’Elmer Frye avait été rayée de Dunwich.»

Illustration extraite du volume « L’Abomination de Dunwich » de H.P. Lovecraft, illustré par François Baranger

Bien entendu, le « grand ennemi » qui a détruit la petite bourgade bien réelle située sur la côte de l’Angletterre n’était pas l’abominable frère jumeau de Wilbur Whateley mais les nombreuses inondations au fil des années. Je vous laisse découvrir la traduction, réalisée par Alice Petillot, de l’introduction de ce petit guide historique. Il y a également un encart publicitaire, une maman « poisson » promenant ses petits rejetons dans un berceau, comme une sorte de clin d’oeil à un autre récit majeur du Maître de Providence!

Dunwich,

Ou la Cité en ruine

« Que caches-tu dans tes grottes et tes fosses aux trésors

Toi qui demeure bruissante et mystérieuse… »

Hemans

Sur la côte orientale du Suffolk, à 28 miles au nord-est d’Ipswich et à mi-chemin entre Southwold et Aldeburgh, se tient Dunwich, aujourd’hui à peine plus grande qu’un village, qui fut autrefois une commune vaste et populeuse et qui, depuis son déclin, est appelée la « Cité en ruine ».

Le grand ennemi qui détruisit tout ce que Dunwich aurait possédé par le passé est la mer voisine, dont la houle implacable, année après année, par ses assauts lents mais sûrs, mina successivement les fortifications, les églises, puis les murailles et les bâtisses qui se dressaient dans l’enceinte de ce lieu antique.

Extrait tiré de « Dunwich, or the Ruined City », Powell & Co, 1925

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