La Colline de la Vision. Une prédiction de la Grande Guerre et de la Révolution sociale avec l’avènement de la Nouvelle Race. Composé à partir d’écrits automatiques obtenus entre 1909 et 1912, puis en 1918, par John Alleyne, sous la supervision de l’auteur. Transcription de John Alleyne.

Premier tirage de l’édition originale, avec la signature de l’auteur, de « La Colline de la Vision » publiée en 1919. Cet ouvrage est l’œuvre de l’architecte, illustrateur, archéologue et chercheur psychique anglais Frederick Bligh Bond (1864-1945). Bond fut franc-maçon dès 1889, puis membre de la Société théosophique à partir de 1895, de la Société pour la Recherche psychique à partir de 1902, de la Societas Rosicruciana in Anglia à partir de 1909 et du Ghost Club à partir de 1925. Il est sans doute surtout connu pour avoir, le premier, défriché et exploré cette discipline qu’on peut appeler l’archéologie psychique, à l’abbaye de Glastonbury. Convaincu que les dimensions des ruines de Glastonbury étaient fondées sur la gematria (la géométrie numérologique occulte de la Kabale), Bond obtint en 1908 d’y diriger des fouilles. Employant comme intermédiaire le capitaine de marine à la retraite John Allan Bartlett (le « John Alleyene » de cet ouvrage), Bond affirmait avoir été guidé psychiquement par les moines défunts de Glastonbury et le bâtisseur de la chapelle Edgar. Il réfuta toutefois les accusations de fruste spiritisme en précisant qu’il n’était pas entré en contact avec des fantômes, mais avait puisé, d’une certaine manière, dans les souvenirs historiques latents (la « Grande Mémoire » ou « Memoria », mâtinée d’allusions aux annales akashiques des Théosophes et à « l’inconscient collectif » jungien). Cet échange avec l’au-delà fut retranscrit sur le principe de l’écriture « automatique », c’est à dire sans apport conscient, par un scripte dénué de toute connaissance particulière sur les sujets évoqués.

Les différentes fouilles mirent au jour la nature et les dimensions de nombreuses portions du site. Frederick Bligh Bond a publié en 1918 The Gates of Remembrance où il révélait aussi avoir eu recours à des méthodes paranormales. Les relations avec ses employeurs épiscopaux (farouches pourfendeurs du spiritisme) se détériorèrent rapidement et il fut finalement relevé de ses fonctions en 1921. Amputé du projet le plus cher à son cœur, Bond devint pendant quatre ans le rédacteur en chef de Psychic Science, la revue trimestrielle du British College of Psychic Science, tout en continuant à publier des pamphlets très peu lus égrenant les révélations sur Glastonbury, également obtenues grâce à l’écriture automatique.


En 1926, FBB saisit l’occasion d’émigrer – ou peut-être de fuir – en Amérique, où il poursuivit ses recherches et donna des conférences sur les compétences psychiques. Il accepta le poste de secrétaire à l’éducation de l’American Society for Psychical Research, dont il dirigea aussi la revue de 1930 à 1935. Il rejoignit l’alors confidentielle Église catholique d’Amérique du Nord (l’Ancienne Église catholique romaine), fondée en 1925 sur une doctrine et une liturgie conservatrices, qui l’ordonna en 1932 et l’éleva bientôt à l’équivalent du rang d’évêque (unique), mais il laissa soudainement derrière lui église et honneurs en janvier 1936 pour retourner en Grande-Bretagne, dans l’espoir, semble-t-il, de mener de nouvelles fouilles à Glastonbury. Cela n’arriva jamais. Malade, il mourut d’une crise cardiaque en 1945.
À la fin du règne de Victoria et pendant la période edwardienne, les lettrés semblèrent particulièrement prompts à croire au phénomène de l’Écriture automatique, cette capacité psychique supposée permettre à une personne de produire des écrits découlant directement d’une source subconsciente, spirituelle ou surnaturelle. Quand Dickens mourut en 1870, son esprit aurait été si courroucé de laisser inachevé Le Mystère d’Edwin Drood qu’il aurait dicté la conclusion du roman à l’imprimeur itinérant T. P. James. Peu après son mariage en 1917 avec Georgie Hyde-Lees, W. B. Yeats fut lui aussi très influencé par l’écriture « automatique » qu’elle pratiquait. Arthur Conan Doyle écrit dans son livre La nouvelle Révélation (1918) que l’écriture automatique est induite soit par le subconscient du scripte, soit par des esprits extérieurs qui opèrent par l’entremise du scripte. Doyle et son épouse organisèrent une séance d’écriture automatique avec Harry Houdini, au cours de laquelle Lady Doyle écrivit quinze pages de messages prétendument transmis par la mère de l’illustre prestidigitateur, auxquels Houdini n’accorda aucun crédit.



